Après avoir découvert comment nous choisissions nos essences de bois (Episode #1).
Après avoir compris comment nous fabriquions l’aile (Episode #2) et le fuselage (Episode #3) du DR401 (et du DR400 avant lui).
Nous vous proposons de découvrir ce mois-ci comment nous entoilons et marouflons l’aile et le fuselage du DR401.
Introduction : aile entoilée ou swiftwing
Aujourd’hui, Robin Aircraft propose deux déclinaisons possibles de sa fameuse aile à dièdre déporté. Vous pouvez désormais opter entre :
- l’aile entoilée traditionnelle
- la nouvelle aile « swiftwing ».
Sur la swiftwing, l’entoilage est encore réalisé sur la partie « intrados » (sous l’aile). « L’extrados » est quant à lui coffré (coffrage en bois réalisé par nos ébénistes) puis marouflé. Le marouflage est une opération spécifique qui sera décrite un peu plus bas dans l’article.
Préparation de l’entoilage (de l’aile)
L’aile nue qui arrive à l’entoilage doit dans un premier temps être minutieusement « préparée » avant de recevoir la toile (DIATEX). Pour cela, toutes les imperfections du bois sont scrupuleusement inspectés et mastiqués (rebouchés). Les trous d’agrafes, les raccords d’entures, … rien n’est laissé au hasard.
Une fois la couche de mastic sèche, il faut poncer (avec du papier de 120) de manière à ce que le bois et les surfaces devant recevoir la colle et la toile soient les plus lisses possibles. Le ponçage réalisé, notre entoileur aspire les poussières générées. Une deuxième opération d’inspection est alors réalisée, nécessitant généralement un deuxième passage de mastic, de ponçage et d’aspiration. Vient ensuite le moment d’enduire l’aile avec le vernis qui donnera au bois la durée de vie qu’on lui connait (et sa couleur jaune pour ceux qui ont déjà vu l’aile nue désentoilée).
Cette opération de préparation réalisée, nous pouvons passer aux choses sérieuses.
Il va de soit que la toile ne peut pas être positionnée de manière hasardeuse. Les caractéristiques de résistance de notre toile DIATEX 2000 (qui offre une résistance de 2 tonnes en traction au mètre linéaire) nécessitent qu’un traçage préalable des zones de collage et de lardage* soit réalisé. Ces traçages sont réalisés à l’aide d’outils, aussi appelés « gabarits », garantissant un respect maximal des cotes.
Enfin, les trous de décompression de l’aile (permettant de chasser l’humidité qui s’infiltrerait à l’intérieur de l’aile) sont également tracés à l’aide d’un gabarit spécifique.
L’emplacement des points de lardage ayant été dessinés, il faut désormais percer les nervures afin de réaliser le « pré-lardage » (processus permettant de préparer la nervure à recevoir la corde de lardage). Une fois le pré-lardage réalisé, une couche de colle est appliquée sur tous les noeuds.
Vient ensuite le moment de préparer le bois à recevoir la toile : deux couches de colle sont passées successivement sur les parties boisées sur lesquelles la toile sera collée (les nervures ne sont pas concernées puisque la toile sera cousue aux nervures et non pas collée). Il faut laisser une heure de temps de séchage entre chaque opération de collage avant de procéder à « l’Egrainage » avec du papier de verre (de type 1.2mm).
*oui, notre toile est également cousue à la structure ailaire. Retrouvez la description détaillée du process de lardage un peu plus loin.
Entoilage
L’entoilage est réalisé avec de la toile DIATEX de 2millimètres d’épaisseur.
La toile est positionnée en respectant les lignes de traçage préalablement dessinées, puis elle est tendue manuellement par notre entoileur et agrafée de manière à ce qu’elle ne puisse pas se détendre quand la colle sera apposée dessus.
La colle est appliquée directement sur la toile sur les parties de la structure destinées à être collées à la toile. Le processus est simple : la toile étant tissée et non vernie, la colle appliquée peut la traverser pour venir imprégner le bois.
Une fois que la colle a séché (1h minimum), les agrafes n’ont plus d’utilité et peuvent être ôtées. La toile est désormais solidarisée avec la structure.
Les derniers ajustements sont faits : découpage des morceaux de toile non destinés à être collés, collage du tissu jusqu’au bord d’attaque, …
Vient enfin le collage des goussets et des pastilles de trous de décompression.
Lardage
La toile est désormais prêt à être « lardée » (cousue).
Le pré-lardage aidant, l’entoileur réalise pas moins de 320 points de lardage par demi-aile (160 dans le cas d’une aile swiftwing).
Le lardage consiste à coudre la toile sur les parties « hautes » des nervures de l’aile.
Mais alors pourquoi larder la toile à cet endroit alors que la colle est utilisée sur le reste de l’aile ? Et bien tout simplement parce que la surface offerte par les nervures ne permettrait pas un collage satisfaisant. Aujourd’hui les nervures font XX cms de large. Pour que le collage résiste aux forces en traction exercées par la toile, il faudrait que ces nervures soient au moins 6 fois plus larges…
Le lardage de la toile représente donc la meilleure solution.
Tension de la voilure
La toile est désormais prête à être tendue. C’est là que réside le véritable secret de cette toile : un enduit de tension (passé en 3 couches successives) permet de donner à la toile toutes ses caractéristiques de résistance*.
On commence par appliquer l’enduit de tension à la brosse sur l’intrados puis sur l’extrados. Une fois que l’enduit est sec (1heure de séchage), les petits noeuds de lardage sont applatis à l’aide d’un marteau.
Des bandes de lardage (de 4.5cm de large) sont ensuite collées au dessus de ces lignes de lardage afin de protéger les noeuds des agressions extérieures. Une fois que la colle a séché, les bandes sont repassées (avec un fer) puis une deuxième couche de colle est appliquée.
Enfin, on applique une deuxième couche et une troisième couche de vernis de tension au rouleau sur la toile. Après 24heures de séchage, l’aile est entoilée et prête à être peinte.
*Si vous nous avez déjà rendu visite aux Fly’in Robin Aircraft, vous connaissez le test de résistance de notre toile – petit carré de toile tendu sur lequel on vous fait monter et sauter…
Marouflage
Le marouflage consiste à coller de la toile (DIATEX 1000) sur une aile ou un fuselage en bois de manière à :
- Restreindre les mouvements du bois
- Protéger le bois de l’effet corrosif de la peinture
- Contribuer à favoriser l’excellente durée de vie de la peinture et des décors de nos avions
Nous ne parlerons ici que du marouflage du fuselage, mais sachez que la méthode est identique pour le marouflage de l’aile (partie de l’extrados comme indiqué sur les photos du 1er paragraphe).
A l’instar de la méthode utilisée pour l’entoilage, il faut « préparer le terrain ». Les partie de la cellule destinées à être marouflées doivent d’abord être : poncées, mastiquées et dépoussiérées.
Les traçages de positionnement doivent ensuite être dessinés par l’entoileur au crayon (à l’aide des gabarits dédiés).
Dans un deuxième temps, il faut appliquer deux couches successives de colle sur le bois pour le préparer à recevoir la toile.
Une fois la préparation réalisée, l’entoileur peut commencer à maroufler les pièces « spéciales » : c’est ce qu’on appelle les renforts (fixations de verrière, plan fixe, cales de fixation de voilure …). Ces renforts permettent de garantir que la toile ne se déchirera pas à ces endroits sensibles.
Vient ensuite le marouflage du pontet avant et du plan fixe (queue de fuselage), puis le fond de fuselage, les flancs et enfin, le dôme, qui sera marouflé en deux étapes (demi-dômes).
Pour maroufler, l’entoileur dispose sa toile, puis la tend (comme pour l’entoilage de l’aile) à l’aide de quelques agrafes et d’un peu de scotch. Une fois que la toile est correctement positionnée et tendue, il faut coller l’ensemble de la toile au fuselage (ou à l’aile) avec deux passages successifs de colle.
Une fois que la colle a séché et que l’ensemble des parties à maroufler l’ont bien été, il faut finaliser le marouflage en découpant et ciselant les excédents de tissus et corriger les éventuels défauts (bulles) à l’aide d’un fer à repasser.
La dernière étape du marouflage consistera à appliquer, comme pour l’entoilage d’une aile, du vernis de tension. Deux passages sont réalisés (contre 3 pour l’entoilage) :
1ère couche : 50% de vernis de tension, 30% de colle et 20% de dilluant
2ème couche : 80% de vernis de tension et 20% de dilluant.
Afin de garantir un bon séchage, nous laissons d’abord reposer notre aile entoilée pendant 24h au chaud dans une zone de stockage puis nous l’envoyons en peinture pour un stockage prolongé dans la zone dédiée à cet effet.
Retrouvez les articles précédents de la saga :
1. Sélection de nos bois aéronautiques
2. Fabrication de l’aile du DR401
3. Fabrication du fuselage du DR401
Nous espérons que cet article vous aura éclairé sur la façon dont nous entoilons nos avions. Nous vous donnons rendez-vous au prochain numéro (Newsletter #5 en Mars) pour découvrir la méthode de fabrication de toutes les autres pièces de menuiserie (monobloc, volets, ailerons, …).
D’ici là nous vous souhaitons de bons et beaux vols dans la fraîcheur hivernale.
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